• Requiem pour...

    Requiem pour un merlot.

     

    Chaque jour, il m'attendait. Depuis plusieurs mois. Dès que j'avais ouvert un œil, posé un pied sur le sol, il était là, vibrant.

    J'entrais dans le bureau pour lire mes mails, il m'observait puis se jetait violemment, la tête la première, contre la baie vitrée. Une fois, deux fois, dix fois, jusqu'à ce que je me lève et le regarde, alors il disparaissait. Et le jour suivant, et tous ceux d'après, il recommençait, inlassablement.

    Puis, un matin, en ouvrant la porte de ma cour, je l'ai trouvé au sol, terrorisé. Une trentaine de corneilles voraces dessinait un nuage noir au-dessus de notre espace. J'ai crié, hurlé, frappé et fait fuir ce redoutable essaim. Il s'est alors réfugié sous un buisson.

    Le lendemain, quand il a quitté son abri, ma chienne s'est jetée sur lui et l'a saisi dans ses crocs. Sous le fracas de mes hurlements d'effroi, elle me l'a apporté, comme un cadeau, une offrande qu'elle a déposée au creux de ma main. C'est là qu'il a rendu l'âme. Quelques claquements de bec, un battement de paupière jaune sur une bille d'agate.

    Qu'avait-il à me dire que je n'ai su entendre?

    R.I.P. mon merlot et à bientôt. Me livreras-tu ton message, ou est-ce qu'il sera trop tard?

    La parole occupe l'espace pendant un bref instant, après, elle s'efface. Il n'est plus temps...

     


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