• Je veux....

    Que veux-tu ?

    Je veux. N'est-ce point suffisant ?

     

    Que veux-tu vraiment ?

    Je veux tout, et le reste, et plus encore, sans doute...
    Je veux goûter la perle de rosée nacrant la corolle de la
    première primevère de ce printemps naissant, m'en enivrer
    jusqu'à plus soif et me baigner dedans, y noyer mon chagrin,
    ma détresse et ma peine, et puis me relever, renaître, souveraine...

    Je veux humer le parfum délicat de la mousse dans le sous-bois
    et le laisser se répandre en moi.

    Je veux me connecter au chêne et que toutes ses cellules frémissent
    en entendant ma voix.

    Je veux sentir, entendre, comprendre que je suis une parcelle de ce
    grand tout vivant, et vivre, maintenant.


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  • Le vol du harfang...

    Auréolé de son plumage blanc aux reflets argentés, longues pennes
    pliées, rémiges dans le vent, il attend.
    Son regard irisé aux doux reflets dorés fixe l'horizon, sans haine ni passion....
    Mais ses yeux sont striés de sombres raies, ombres des barreaux de sa cage.
    Car il est enfermé, le harfang, et cela depuis qu'il est né. Né en captivité et
    prisonnier, déjà, avant de voir le jour.
    Ses ongles sont crispés sur son perchoir miteux fait de bois vermoulu, deux
    planches en croix, clouées et ancrées dans le sol.
    Tel est son univers, et, été comme hiver, il demeure impassible.
    Dans l'autre cage, au-delà de ses barreaux, évoluent des passants. Certains
    passent et repassent et s'arrêtent un instant . Ils tournent en rond et reviennent
    souvent.
    Les uns s'écrient : « Qu'il est beau ».
    D'autres l'interpellent : « Ohé, regarde-moi » .
    L'un d'eux, parfois, croyant croiser son regard, l'interroge : « A quoi penses-tu ? »
    Mais il ne pense pas, le harfang.... Il vole !
    Lui, qui n'a jamais appris à voler, s'est connecté à la mémoire collective des
    emplumés.
    Et il vole.
    Ses grandes ailes déployées, posées sur celles du vent, il parcourt les immensités
    des terres enneigées dont son âme a rêvé.
    Il plane et se laisse porter. Pas de vol battu. Oh, non. Juste un doux vol plané
    sur des déserts glacés.
    La bise qui le grise danse avec ses rémiges une ronde endiablée que ses pennes
    dépliées s'en vont exacerber.
    Et, non, vous n'avez jamais vu le harfang. Juste son apparence, figée dans
    l'espace et le temps.
    On peut briser ses ailes pour le déséquilibrer, l'empêcher de voler, ou fixer à
    sa frêle patte une chaîne dorée... Tout n'est que vanité.
    Si voulez voir le harfang, le voir vraiment, cherchez-le ailleurs, dans l'intensité
    bleutée de ses folles errances.
    Et quand une ombre, sous vos pas, dessinera la courbe de son aile... levez
    les yeux. Il sera là.


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  • Le bonhomme de neige.

    Quand Adélaïde se réveilla, tout était blanc, ce matin-là.
    Il avait neigé dans la nuit et ce bel espace engourdi ne témoignait
    d'aucune vie......
    La neige, ce doux tapis, recouvrait tout, dans un oubli opalescent,
    désespéré mais transcendant.
    Ses douces bottines fleuries protégeant ses petons petits, Adélaïde
    fit un pas, un autre encore... Pourquoi pas ?
    La neige glissant sous ses pas, elle dessina un chemin, conduisant
    vers ses lendemains.
    Un pas, un autre et encore un... Y a-t-il enfin quelqu'un, dans cet
    univers éthéré, pour me recueillir et m'aimer ?
    Il était là, il avait froid, il grelottait même, je crois.
    Et boule sur boule posée, le bonhomme de neige a parlé.
    Il a dit : « Je t'attendais, toi. Enfin, tu es venue vers moi. La douceur
    de ton cœur m'émeut, je me sens fondre devant toi... »
    Et, soudain dans ses yeux éteints, brilla comme un éclat de joie et il
    fondit tout doucement, dans un si bel enchantement, en murmurant à
    demi- voix : « Fillette, souviens-toi de moi.... »


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  • J'aimerais tant que, dans mes rêves,
    restent quelques bribes de moi,
    de mes errances et de mes trêves,
    de mes tracas, de mes émois.
    Mais quand mon œil, là, sur la grève,...
    espère voir je ne sais quoi,
    un grain de sable évanescent
    persiste à témoigner de moi,
    de cet espace où je ne fus,
    cet endroit où je ne serai,
    un frêle chemin que dilue
    la marée de ma destinée.
    J'aimerais tant que de mes rêves
    surgisse, dans l'incandescence,
    une présence, même brève,
    témoignant de mon existence...


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  • Et nous nous rencontrons parfois....

    Et nous nous rencontrons parfois,
    dans cet espace délétère,
    cet endroit où nul ne me voit,
    tout juste propice à me taire.
    Tu es là mais je ne suis pas
    et je demeure évanescente
    dans cet univers de trépas
    où tant de fantômes me hantent...
    Tu dis parfois des mots bien doux
    qui s'en viennent frôler mon âme
    mais entre détresse et courroux
    s'étiole la frêle flamme
    de l'espérance ravagée
    battue, vaincue, annihilée,
    détruite, sans doute enlisée
    sous les boues de ma destinée.
    Et nous nous rencontrons parfois
    dans cet espace où je me terre.
    C'est ton regard posé sur moi
    qui permet qu'encore j'espère...


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